Lorsque Nadiya se réveille ce matin-là, sa décision est prise. Rien ni personne ne pourra la faire changer d’avis. Comme chaque jour, elle prépare le petit déjeuner pendant qu’Azar et les enfants font leur toilette. A 7h10, ils sont tous les cinq autour de la table et cela sent bon le pain grillé. Nadiya a toujours aimé ce moment qui permet à toute la famille d’aborder la journée unie avant de prendre des chemins différents. Elle a mis un peu de temps, d’ailleurs, à s’habituer à l’absence de Leïla quand celle-ci est partie faire ses études à Paris. 7H30, une bise à chacun puis Azar embarque la petite troupe dans leur fidèle Scénic. La maison redevient silencieuse. Parfois, Nadiya branche la radio et tout en se préparant un petit café, écoute les nouvelles. Mais ce matin, pas de temps à perdre. Elle a un programme qu’elle garde secret depuis plusieurs jours et elle compte bien s’y tenir.
Si elle a choisi ce jeudi, c’est essentiellement pour des raisons très pratiques. Ce soir, Inès quitte le collège pour retrouver son frère au Lycée et ensemble, ils se rendent au nouveau complexe sportif : basket pour Matisse et karaté pour Inès. Quand à Anis, il est en stage toute la semaine dans un studio d’enregistrement. Dire qu’il voulait arrêter après son BAC, “pour gagner des sous et se consacrer à la musique” disait-il. Un an plus tard il est passionné par ses études d’audiovisuel et semble avoir trouvé son chemin. Pas facile quand on a une grande sœur qui sait ce qu’elle veut faire depuis toujours et avance avec une constance imperturbable. Nadiya se secoue. C’est un jour idéal que celui du « je dis » pour faire ce qu’elle a en tête sans attirer l’attention mais il ne faut pas qu’elle tarde. Elle ne veut pas prendre le risque de voir débarquer Nour, sa petite voisine, qui a trouvé en Nadiya une confidente attentive. Tout en débarrassant la table du petit déjeuner, elle pense à ses enfants qui, très vite, ont trouvé leurs marques dans cette cité aux portes de Nice. Si la proximité de la famille d’Azar lui est devenue difficile à vivre, elle doit reconnaître que la vie aux « Mimosas » aura permis de développer rapidement leur autonomie. Très tôt, ils se sont déplacés seuls entre l’école, la maison, les copains et leurs lieux d’activité. 8h, déjà ! Elle remet de l’ordre dans la maison et file sous la douche.
Pour ce jour si particulier, Nadya choisit des vêtements qu’elle n’a plus portés depuis bien longtemps, trop longtemps se dit-elle : son jean mauve avec sa ceinture bijoux, sa tunique fuchsia, cadeau de Marie sa grande amie laissée à Paris et délaissée ces derniers mois, le petit pull bleu marine retrouvé récemment au fond d’un tiroir et la veste Desigual offerte par sa mère pour ses 40 ans. Elle chausse, non sans émotion, ses boots vert anis, ses chaussures « espoir » comme s’amusait à les appeler Leïla, et là voilà prête. En ajustant son foulard, elle repense à sa conversation avec Azar. Il est resté assez flou sur son emploi du temps et elle n’a pas osé le questionner davantage, craignant de lui mettre la puce à l’oreille. Elle espère bien qu’il rentrera comme d’habitude vers 19h30 et pas plus tôt. Elle a pris sa décision il y a des semaines, depuis ce jour où l’évidence lui a sauté aux yeux… Elle attrape son sac, ses clefs et se met en route. Le bus est dans vingt minutes et il n’en faut que dixpour se rendre à l’arrêt. Cela lui laisse le temps de marcher tranquillement et même d’échanger quelques mots avec un éventuel voisin. En descendant les marches, elle prie pour ne pas trouver sur son chemin sa belle-mère ou l’une des sœurs d’Azar. Elle ne voudrait pas avoir à mentir sur sa destination. Mais la cité est calme. Les enfants sont à l’école et les mamans qui ne travaillent pas sont déjà remontées dans leur appartement. Il fait encore froid, personne au square. Nadiya marche un sourire vissé sur son visage amaigri. Ne surtout pas inquiéter. Elle s’apprête à traverser lorsqu’elle entend son prénom. « Nadiya ! » Elle tressaille et hésite. Elle a reconnu la voix de Fatima. Elles ont été très proches à son arrivée aux Mimosas mais depuis que Fatima a décidé de porter la burqa, elle n’arrive pas à s’y faire et l’évite . D’autant que celle-ci veut absolument qu’elle rejoigne la nouvelle association de femmes du quartier. Ses belles-sœurs en font déjà partie, sa belle-mère aussi et pour toute la famille d’Azar, il est clair que Nadiya devrait faire de même. « Nadiya ! Attends ! ». Pas le choix, elle fait face.
– « Bonjour Fatima, mon bus va arriver, je n’ai pas beaucoup de temps »
– « Tu vas bien Nadiya ? Je ne te croise plus ? Quand viens-tu à l’une de nos réunions ? »
– « Oui, tout va bien mais en ce moment je cours. Je suis en plein nettoyage de printemps. Tu sais ce que c’est ; on entasse pendant des années et un jour on réalise qu’on n’utilise pas le tiers de ce qu’on a. Tu m’excuses, il faut que j’y aille. Bonne journée »
– « On se réunit après-demain pour parler de l’éducation de nos enfants. Viens, ça me ferait plaisir »
– « C’est noté, je verrai » répond Nadiya. Elle sait au fond qu’elle ne mettra pas les pieds dans ce repère de bonnes femmes moralisatrices et culpabilisantes. Elle a cédé pour le foulard mais cela n’ira pas plus loin. Qu’on la laisse élever ses enfants comme elle l’entend.
– « Madame Sahidi ! » Nadiya profite de l’arrivée inopinée du gardien pour s’éclipser.
– « Bonjour Monsieur Mélez. Bye Fatima, I really have to go » dit-elle avec un petit sourire intérieur se souvenant de ce jour où Fatima lui a confié qu’elle aimerait instaurer l’arabe langue officielle de la cité pour permettre aux enfants de le pratiquer plus souvent.
Elle ne comprend pas le retournement de cette jeune amie, douée d’une belle intelligence et cultivée. Elle l’a rencontrée au cours d’un atelier d’anglais donné par la maison de quartier. Fatima finissait des études de droit et rêvait de voyages autour du monde. Une peine de cœur et une première expérience professionnelle décevante ont eu raison de son ouverture d’esprit et petit à petit elle a changé. Nadiya accélère le pas. Elle s’en veut d’avoir tardé à partir mais au même instant son bus arrive. Soulagée, elle réajuste son foulard et monte à l’arrière.
Une fois installée, tout en regardant le paysage défiler, elle laisse son esprit vagabonder sur le chemin parcouru, depuis leur arrivée sur la côte d’Azur.
Au départ, tout était merveilleux. Azar avait reçu une proposition de Texas Instrument et ils étaient enchantés de ce grand changement dans leur vie. Du haut de ses 4 ans, Matisse disait à qui voulait l’entendre qu’ils partaient pour toujours en vacances à la mer. Leïla, qui allait fêter son dixième anniversaire était déjà bien attachée à ses amis. Elle avait émis quelques réticences, soutenue par Anis qui, à cette époque, faisait corps avec sa sœur. Promesse avait été faîte de les envoyer au moins une fois par an en vacances à Paris chez les grands parents et d’accueillir leurs camarades l’été. La maison avec sa piscine et sa vue magnifique avait fini par les convaincre. La proposition de Texas Instrument était si intéressante que Nadiya n’avait pas à se préoccuper de retrouver du travail, puis le petit quatrième s’était annoncé, ou plutôt la petite. Ils s’étaient souvent dit “quatre enfants, c’est un bon nombre”. À deux, on reste trop dans la dualité et à trois, le cadet a du mal à trouver sa place. A quatre, chacun partageait son rang avec un autre et pour affronter la vie et se tenir la main ce n’était pas de trop dans ce monde où tout peut basculer d’un jour à l’autre. Encore fallait-il que, eux parents, fassent bien leur boulot et réussissent à créer l’esprit de famille qui rende inébranlable l’amour fraternel. Avec l’aide d’Azar, elle s’y employait jour après jour. Elle y croyait dur comme fer. Amour, bienveillance et communication les préserveraient des maux de la société. Quelle naïveté… « Votre ticket madame, s’il vous plaît. » Nadiya sort de ses songes pour y replonger aussitôt.
Les premières années avaient été formidables, pleines de rencontres, de nouvelles amitiés, de beaux paysages, de découvertes, de nature, de mer, de montagne. Les amis laissés à la capitale passaient les voir l’été et les enfants rayonnaient de bonheur. Après Anis et Matisse toujours en quête de sensations fortes, l’arrivée de la petite Inès avait apporté un peu de paix dans la vie de Nadiya. Azar assurait les sorties des « intrépides » comme aimait les appeler Leïla et Nadiya avait vu avec plaisir sa petite dernière se passionner pour le dessin et les livres.
Le bus fit une embardée et Nadiya s’aperçut qu’elle arrivait à destination. Elle avait bien failli rater son arrêt. Certains jours elle maudissait son esprit qui ne perdait jamais une occasion pour la détourner de l’instant présent. Il lui faut maintenant prendre le train et prier pour qu’il soit à l’heure. Elle embarque dans cinquante minutes et ne veut pas manquer le départ. Le ciel est d’un bleu intense exactement comme sur les cartes postales de son enfance. Sa tante Kahina lui écrivait de cette côte d’Azur qui l’avait tant fait rêver. Selon la saison, elle glissait dans l’enveloppe un brin de lavande, de mimosas, ou de jasmin. Nadiya y plongeait son nez et respirait si fort qu’elle se mettait à éternuer. Cela faisait rire son père et inquiétait sa mère qui craignait qu’elle soit allergique. Un coup de klaxon la sort de sa rêverie et elle traverse en vitesse. Il n’y a plus de sourire sur ce visage concentré. Nadiya est plus que jamais déterminée.
Le train entre en gare. Elle balaye le quai du regard comme pour s’assurer que personne ne la suit, puis d’un mouvement rapide, grimpe dans la voiture. Elle s’installe à la seule place disponible, près de trois jeunes filles. L’une d’entre elles sort un foulard de son sac et s’en coiffe.
– « Val, tu nous soûle avec ton foulard ; Aimer ça veut pas dire faire tout ce que ton mec te demande ! »
– « Il ne m’oblige pas ! C’est moi qui décide et vous devriez en faire autant mécréantes » lance-t-elle le regard fier
– « Ah oui c’est toi qui décides ? Et le coran sous ton lit, c’est toi qui as décidé aussi ? »
– « Quoi, tu fouilles dans ma chambre maintenant ?! »
– « Je ne fouille pas, je cherche mon mascara et mon crayon rouge que ma sœur me taxe régulièrement »
– « Les filles, les filles, on ne va pas se prendre la tête pour un foulard ! pas aujourd’hui le jour de mon anniversaire ! » Et tout en se levant, déclame « Moi votre cousine et non moins amie, Sophie, la sagesse incarnée, rappelez-vous, déclare que toute personne agissant en pleine possession de ses facultés intellectuelles, de ses moyens de réflexion et de jugement est libre de faire ce que bon lui semble… dès lors que cela n’empêche pas les autres de vivre bien entendu. A bon entendeur, on arrive ! Val bouge-toi ! »
Nadiya croise le regard de la jeune fille et ce qu’elle y lit la renvoie quelques années en arrière. C’était l’anniversaire d’Azar… Elle lui avait demandé ce qu’il aimerait pour le dîner. Les yeux plein d’amour il lui avait répondu « Quoique tu prépares ma chérie, je serai comblé », ajoutant « Mais ce qui me ferait vraiment plaisir, c’est que tu fasses la paix avec mes sœurs et ma mère, que notre tribu retrouve joie et sérénité ». Nadiya était restée muette. Le regard d’Azar était doux et il semblait si triste et fatigué. Elle imaginait très bien la pression permanente de sa famille face à leur mode de vie devenu bien plus dérangeant depuis qu’ils vivaient aux Mimosas. Elle passa la nuit à réfléchir. Tant qu’on ne touchait pas aux enfants, qu’Azar restait solidaire de ses choix éducatifs, elle était prête à lui faire ce cadeau. Le lendemain matin, au moment de sortir pour accompagner Inès à l’école, elle s’était coiffée du foulard que sa belle-mère lui avait offert deux ans auparavant. Azar, l’avait rattrapée dans le couloir et sans un mot l’avait serrée tendrement contre lui. En l’embrassant, ses yeux semblaient demander pardon. Elle lui avait souri comme pour le rassurer. « Même pas mal » semblait-elle dire. « On va s’en sortir » lui souffla-t-il. « L’amour qui nous habite est bien plus fort que les doutes qui nous agitent ». Elle avait acquiescé priant pour qu’Azar réussisse enfin à prendre le dessus après cette année de dépression qui avait suivi la fermeture définitive de son entreprise. Dès lors, elle ne s’était plus jamais dépareillée de ce sourire… bouclier.
« Prochaine station : Cannes, attention à la marche. »
Elle entre les mèches rebelles dans son foulard, et encore toute engluée dans ses souvenirs, descend du train. Il ne faut pas traîner. Nadyia slalome au milieu du chassé-croisé des voyageurs. La foule est dense. C’est à croire que tous les agents SNCF se sont donné rendez-vous sur ce quai. Pour une raison inconnue, elle a toujours ressenti un mélange de crainte et de rejet face à l’uniforme. Mal à l’aise, elle s’empresse de quitter le quai. Cherchant à se repérer, elle traverse le hall de la gare, insensible aux regards parfois surpris qui se posent sur sa silhouette colorée et sa tête voilée. Soudain Nadiya prend conscience de la musique qui s’élève et stoppe net sa course. Cette musique, elle ne l’a entendue qu’à une seule période de sa vie. Elle tourne la tête dans tous les sens. Il y a un piano quelque part et à ce piano est peut-être assise une amie d’enfance perdue de vue depuis des années. Elle ne peut partir sans s’en assurer. En courant presque, elle se dirige vers l’endroit d’où provient le son et derrière une borne d’accueil aperçoit enfin un piano blanc. Une belle idée de la SNCF que ces pianos dans les gares même si parfois c’est au grand dam des voyageurs. Elle reconnait immédiatement le buste fin et droit comme un i d’Elise et sa crinière rousse. A l’époque, Nadiya adorait observer les reflets qui dansaient dans les cheveux bouclés de son amie et la façon qu’elle avait de replacer les mèches venues lui chatouiller le visage. Cette mélodie, elles l’avaient composée ensemble par un après-midi pluvieux. Nadiya n’aurait jamais imaginé qu’Elise puisse encore la jouer. Elle se met à fredonner les paroles qu’elle avait écrites, juste avant que leurs chemins se séparent. « Où es-tu, que fais-tu, tu ne dis plus rien, regarde-moi, je suis là pour toi. Où es-tu, que vis-tu, ton regard s’éteint, confie-toi, ouvre-moi ton cœur…» Des larmes d’un autre temps coulent sur ses joues. Il faut se décider, le bateau n’attendra pas. Elle fait un pas vers son amie mais au même moment celle-ci porte la main à ses cheveux et dans un même réflexe Nadiya en fait autant. Mais la main de Nadiya ne balaya que le vide autour de sa tête. Elle réalise alors qu’elle porte son foulard et fait volte-face puis se précipite vers la sortie. Au même instant, le piano cesse. Nadiya ne peut voir Elise qui l’observe, se demandant ce qui peut bien faire courir ainsi une femme voilée.
Elle chasse son amie de ses pensées et se concentre sur le trajet pour arriver au plus vite à l’embarcadère. Portée par un vent de révolte, elle poursuit sa course encore quelques minutes. La mer apparait enfin, belle, grandiose, lumineuse et calme. Elle se sent immédiatement apaisée et tout en continuant d’un pas cadencé se remémore cette petite phrase qui l’avait interpellée il y a peu. « Quand ton esprit divague, tourne toi vers la mer ». L’embarcadère est en vue. A présent, Nadiya sourit. Elle approche du but. Elle a choisi l’île Saint-Honorat, plus petite, moins visitée et plus exposée au grand large. D’ailleurs il semble bien qu’elle soit l’unique passagère. Ticket en main, elle se dirige vers la navette déjà à quai. Elle a l’impression d’être l’héroïne d’une grande saga familiale.
Ce qu’elle prévoyait dans le secret n’avait rien d’une lubie. Ce n’était pas non plus un acte de désespoir. Elle était bien seule sur ce bateau qui la menait vers sa liberté. Portée par la mer elle pense à la sienne qui lui disait toujours lorsqu’elles mangeaient chez des amies un peu trop préoccupées par leur silhouette « Le 0% c’est peut-être bien pour la ligne mais pour le bonheur mieux vaut le zéro dépendance. Mange de tout et apprend à te passer de tout » Et dans un grand éclat de rire, elle plongeait sa cuillère dans le pot de Danette au chocolat servi pour les enfants. Emplie d’émotion, Nadiya sentait son cœur prêt à exploser. De vieux gréements toutes voiles dehors glissent sur la mer, le nez vers le large. Où que son regard se porte, il croise les blanches voiles offertes au vent devenu bien plus fort en mer. Le tableau est si beau que Nadyia se lève malgré l’interdiction écrite en toute lettre, s’approche de la balustrade, l’agrippe et s’y appuie de tout son corps. N’y tenant plus, elle lève ses mains vers son visage et avec une extrême lenteur, comme on savoure un met délicieux, les fait glisser sur sa tête couverte. Elle inspire une grande bouffée d’air et les yeux pleins de larmes, libère le nœud de son foulard. Alors tout doucement, elle lève son visage vers le ciel offrant au vent ses cheveux qui se mettent à danser sauvagement. La joie l’envahit. Elle tend les bras au dessus de sa tête, tenant toujours son foulard par ses extrémités. Tout comme les magnifiques bateaux qui naviguent à ses côtés, elle avance nez et voile au vent, le regard empli du bleu magnifique de la mer et du vert si intense de la végétation des îles. “Vert espoir” se dit-elle.
Elle avançait, libérée, vers l’horizon infini, vers l’inconnu. Elle retrouvait des sensations oubliées et réalisait à quel point cela lui avait manqué ; elle qui adorait tant sentir la puissance du vent dans sa chevelure noire. Il y avait du bonheur mais aussi de la peur. Tous son corps vibrait, vivait, revivait ! Son ami Jonathan avait parfaitement raison d’avoir fait sienne cette petite phrase « Le bateau est en sécurité dans le port, mais il n’est pas fait pour ça ». Elle non plus n’était pas faite pour la vie sécurisante de la communauté. Elle avait rêvé d’aventures, de pays lointains, de découvertes et pour elle, pour ses enfants, son homme, sa famille et même sa belle famille elle n’avait qu’une seule et unique responsabilité, celle de réaliser ce pourquoi elle était venue au monde, celle de se réaliser.
Le regard haut dans le ciel, Nadiya aperçoit une colonie d’oies sauvages en route pour d’autres contrées et dans un élan d’amour pour cette terre merveilleuse, un élan d’amour pour elle-même, pour la petite fille qu’elle était, pour la femme qu’elle est devenue, elle ouvre grand ses mains, laissant s’envoler, loin dans les airs, le foulard.
Amusant, que Nadiya se libère de son voile près d’une île habitée par … une communauté religieuse !
Mais cette île est si belle …