Pourquoi, comment est né le Théâtre du Soleil. Par quelle magie le lieux, la troupe ont-t-ils pu exister et continuer à nous emmener vers tous les ailleurs possibles ? La mieux placée pour répondre est évidemment Ariane Mnouchkine, fondatrice, metteur en scène, âme créatrice, et bien plus que cela d’une compagnie comme on n’en fait plus. « Tout a commencé à l’université. Mon père a eu la générosité et l’amour paternel de m’envoyer en Angleterre, à Oxford. Je suis arrivée dans cet endroit merveilleux en me disant que je ne pouvais me contenter d’y apprendre l’anglais. (…) Je me suis inscrite dans les deux troupes universitaires – la moderne et la traditionnelle, l’une montant des créations et l’autre des classiques- et j’ai commencé à travailler avec elles. (…) J’avais joué dans une mise en scène de Ken Loach qui finissait ses études et avait monté la pièce pour un concours. Quand je suis rentrée à Paris pour reprendre des études de psychologie à la Sorbonne, ce qui était une supercherie qui visait surtout à faire plaisir à mon père, j’ai demandé à Ken Loach de me donner des conseils pour monter une troupe universitaire à Paris. Il m’a renvoyé une lettre de dix à quinze pages de conseils rédigés d’une écriture très fine. Il disait qu’il fallait travailler avec les gens pour les gens. Je suis tout simplement allée voir le concierge de la Sorbonne pour lui demander une salle pour fonder une troupe de théâtre universitaire. Le concierge est allé à un tableau et m’a donné une clé qui ouvrait sur une salle, tout en haut. Maintenant, pour arriver au concierge de la Sorbonne, il faut passer deux barrages et on ne donne plus les clés. » Le reste de l’aventure est aussi passionnant que son commencement. (Extrait de Les clés de l’épopée).
Si les ateliers d’écriture mènent à toutes les formes d’écriture. Y compris l’écriture théâtrale. Le véhicule idéal n’en reste pas moins la lecture. L’occasion pour les passionnés de théâtre de lire ce petit recueil, paru dans la collection Carnets du Channel, à l’issu de deux conférences données en 2013 par Ariane Mnouchkine à Calais, dans le cadre des Libertés de séjour.