La souffrance a une âme de comptable. Avec elle la douleur se paye à crédit, sur une durée indéterminée. Elena Costa en fait la démonstration dans un premier roman sombre et beau, Daniel Avner a disparu. L’histoire raconte la vie de cet homme dont les parents et la sœur ont été arrêtés par la Gestapo. Recueilli par son grand père, l’enfant va grandir avec dans la tête et dans l’âme la certitude que la souffrance réclame son dû. Une dette exigible sans fin, malgré Dora qui lui donnera un fils. La culpabilité d’avoir survécu à l’horreur peut-elle saborder la vie ? Elena Costa répond en racontant l’enfermement, le rôle d’un grand père à la fois bourreau et victime, sauveur et exterminateur. D’une écriture sobre et lancinante, elle nous entraîne dans une descente infernale d’où l’on verra émerger un espoir de lumière.
« Lorsque j’ai vu Dora pour a première fois au coin de la rue de Sèvres, avant même qu’elle ne parle, j’ai pensé qu’elle était ce double que je faisais vivre en moi pour aller mieux. Je ne sais pas pourquoi cela m’est apparu comme une évidence, peut-être parce qu’elle m’attendait devant l’hôtel Lutetia sans rien pour se distraire, pas même un journal à parcourir, et qu’en l’observant de l’autre côté du trottoir, je me suis identifié à elle. »
Daniel Avner a disparu de Elena Costa (Gallimard) fait partie des « 68 Premières fois » initié par Charlotte Milandri. Sans son initiative, nous serions passés à côté de bien des nouveaux auteurs de cette rentrée littéraire. Notre atelier d’écriture en ligne écriturefactory.com a participé à l’aventure.