Impensable ! Le dernier Jim Harrison – Péchés capitaux- m’a laissée sur ma fain. Une sorte d’insatisfaction inconnue jusqu’àlors. J’en ai éprouvé une terrible angoisse. « Et si je n’aimais plus Harrison ? »… C’est le genre de découverte glaçante pour une lectrice addict. Addiction qui remonte à ses débuts de romancier, après sa période poésies. Pourtant, je suis aussi éloignée de son univers qu’une nonne des maisons de rendez-vous. Cela dit, si les contraires s’attirent, tout s’explique. Jim Harrison c’est la nature, avec majuscule. Il y consacre des pages entières. Pour une fille incapable de reconnaître une mésange d’un rouge-gorge, ce fut un grand saut dans l’inconnu. Mais je le jure, jamais je n’ai sauté une ligne de ses descriptions. Elles donnent l’impression de partir en balade avec un maître génial, capable de repérer le passage d’une poule d’eau ou d’un coyote en regardant des traces imperceptibles. Quant à ces personnages, quel régal ! Toujours prêts à s’offrir une séance de jambes en l’air, à n’importe quel âge. Grandioses, excessifs, passionnés, déglingués, fragiles, ils sont vivants, vrais quoi. Ah, j’allais oublier la pèche à la truite, incontournable dans ses romans, et à laquelle désormais je ne dirais pas non. Alors pour ne pas rester sur ces Péchés capitaux, je suis reparti aux sources.
C’est avec Dalva, lu d’une traite que mon Harrisonmania a démarré. Je l’ai retrouvé en furetant dans la bibliothèque. Avant même de le dépoussiérer, machinalement j’ai commencé à le relire. Dès la première phrase, c’était clair, puissant et beau. « Aujourd’hui ou plutôt hier, il m’a dit qu’il importait de ne pas accepter la vie comme une approximation brutale. » Bien sûr j’ai continué, de nouveau hypnotisée, avançant dans ce texte magnifique, émerveillée de la même façon qu’il y a trente ans.
Je sais pourquoi j’aime Harrison. Avec lui, la séduction est immédiate. Rien à voir avec amourette sans lendemains. Et tant pis pour Péchés capitaux. Oubliez-le et demandez plutôt Dalva à votre libraire. Il a été réédité en collection poche et merci au traducteur Brice Matthieussent.
Livre essentiel, que l’on décide de s’inscrire à un atelier d’écriture ou pas.