Ecrire sur la perte d’un parent ne donne pas forcément un bon roman et d’ailleurs la fiction convient-elle ? Christian Dorsan a contourné la difficulté en livrant un récit conçu comme une conversation. Il y a le fils, qui regrette de ne pas avoir assez aimé le père ou de ne pas lui avoir montré, et le père, ouvrier paysan, taiseux, heureux quand il travaille sa vigne et pudique envers sa famille. A cause de cette pudeur, personne ne s’est vraiment préoccupé de savoir qui était cet homme. Et surtout pas le fils qui culpabilise à coup d’insomnies. Jusqu’à ce qu’une nuit, il entende le défunt. De chapitre en chapitre son portrait se dessine, sans pathos juste de l’émotion. Et puis la vie d’un mort a ses exigences. Quand vous saurez que celui-ci a envie de changer de place au cimetière vous comprendrez que ce livre parle avec légèreté de choses profondes. En une phrase : « Écoute, pour l’instant, nos dialogues sont faits pour que tu comprennes qui j’étais avant, du temps de mon vivant », voilà le sujet de ce livre dans lequel chacun s’identifie un jour.
Papa, c’est encore loin quand je serai grand ? (Paul et Mike édition) fait partie des « 68 Premières fois » initié par Charlotte Milandri. Sans son initiative, nous serions passés à côté de bien des nouveaux auteurs de cette rentrée littéraire. Merci pour celui-ci. Notre atelier d’écriture en ligne est heureux de faire partie de l’aventure.