L’Orage de Clara Arnaud (Gaia) fait partie des premiers romans de la rentrée. 68 au total, d’où le titre d’un projet sympathique mené par L’insatiable Charlotte : Les 68 Premières Fois. Le groupe, dont ecriturefactory.com fait partie, s’est donné pour tâche de lire ces nouveautés, puis de les chroniquer selon les envies chacun, et pas avant la date de sortie ! L’Orage de Clara Arnaud vaut la peine de courir chez son libraire, dès aujourd’hui…
Le Congo, centre de l’Afrique est le théâtre de ce roman choral, qui parle sans concession d’une région du globe qui échappe à nos codes. C’est dans la capitale que nous allons suivre les protagonistes qui ne se connaissent pas, mais dont le point commun est de vivre à Kinshasha. L’un est un français conseiller d’ambassade, l’autre un chinois venu il y a 10 ans tenter sa chance et qui a monté son entreprise. Il y aussi la vieille femme Mado partie de son village pour fuir un mari qu’elle haïssait. Chaque soir elle dort dans un réduit de l’église avec la permission du prêtre et se souvient des jours anciens. Au bout de cette chaîne invisible, Désiré 14 ans à peine, ne quitte pas ses trois copains de misère. Ils vivent dans un taudis, identique à ceux qui repoussent les limites de la cité de plus en plus loin. Décrit avec précision le décor s’installe peu à peu, les bruits, le grouillement des hommes et des femmes, les quartiers de bidonvilles, ceux des résidences climatisées, les odeurs d’égouts, de fruits trop mûrs, et celui plus rare du goudron fraîchement étendu sur ce qui était hier encore une piste menant au stade. Car Le grand forum qui doit y avoir lieu est un événement politique international. Il y a de l’électricité dans l’air et dans les têtes. L’orage attendu fera son effet… Entre ce moment et la fin du roman, l’auteur fait écouter l’Afrique avec une justesse étonnante. Une écriture qui s’entend. Et il n’y a pas que la rumba ou les klaxons assourdissants ou les prêches de prédicateurs habillés en Versace. Il y a les voix des protagonistes, chacune livrant un éclairage comme un puzzle assemblé petit à petit, pour comprendre un peu et aimer beaucoup. Un premier roman qui ne se lâche pas. La littérature française se porte bien.
Complètement d’accord ! 😉 Je trouve que réussir du premier coup une véritable fresque qui raconte toute une ville, et peut-être même un continent, tout en restant si proche des êtres, c’est très fort.
Voilà qui est tentant!