Le titre est celui d’un chapitre du livre. Pourquoi Gérard Lefort l’a-t-il choisi ? Chaque lecteur aura son idée, y compris l’auteur et la vérité sera sans doute ailleurs. En tout cas, Lefort signe là son premier roman. Du moins pour ceux qui considèrent que le polar est un genre à part, qu’on ne peut pas vraiment comptabiliser quand il s’agit de littérature. Je ne partage pas, mais je n’ai pas lu « Vomi soit qui mal y pense »*. En revanche j’ai lu Les Amygdales d’une seule traite. Lefort dont les critiques cinéma dans Libé lui ont valu une sacrée réputation de flingueur raconte le quotidien d’un jeune garçon, à travers la maison, l’école ou encore la fameuse opération. C’est un petit provincial, de bonne famille, affublé d’une tribu qu’il n’aime pas et qui se trimballe avec pas mal de mauvaises pensées. Personne n’en sait rien. C’est un dissimulateur, la tête pleine de visions, et le corps de sensations. On dirait (comme disent les gosses qui s’inventent des histoires) que ce serait le terrible journal d’un enfant, qui regarderait certaines scènes de sa jeune existence. Un film noir et blanc des années 50, perturbant de vérité et de cynisme. C’est aussi terriblement bien écrit, Le Papa, La Maman, La petite sœur au prénom à la noix, Les Frères… Lefort a le don du portrait, surtout quand il n’aime pas. Cela dit, il sait aussi bousculer sa nature. Son pote, Jacques Avril, nous touche autant qu’il a marqué le narrateur. L’intime affleure dans ce récit d’une jeunesse tourmentée, l’histoire d’un enfant mal aimé racontée par lui-même. Libérateur… Peut-être. A lire, sûrement. (Éditions de l’Olivier)
Ce roman fait partie de l’évènement initié par l’insatiable Charlotte : Les 68 Premières Fois.
* Roman policier de la série Le Poulpe – Tome 9