Légèrement déroutée au départ, je me suis laissée prendre par ces chapitres brefs, concis, qui décrivent la vie singulière du narrateur. C’est un solitaire, pas tout à fait ordinaire, homme enfant qui vit en marge du monde et de son agitation, beaucoup plus attaché à entendre le bruit du vent ou la profondeur d’une couleur. Son rapport à ce qui l’entoure en fait une sorte d’entomologiste étonné, qui peut considérer un four micro onde comme un fidèle assistant. On apprend à le connaître dès son plus jeune âge. Hermétique aux tribulations des autres, il les regarde pourtant avec acuité. Deux êtres seulement le préoccupent, Seki sa sœur et leur grand-mère qui les a élevé à la mort de leurs parents.
Sa vie est contée par petites touches, sans liens apparents. Pourtant, on entrevoit un glissement, des battements plus perceptibles de page en page. La construction est subtile et l’écriture épurée. L’art de dire passe ici par le pinceau. Pas de chiffres pour entamer chaque nouveau chapitre, mais un mot japonais avec sa traduction, accueillir, force, mousse, maison etc. Jusqu’à Kokoro qui signifie « cœur » et titre cet ouvrage attachant comme un long poème. Un peu comme les « Notes de chevet» de Sei Shonogon et ses listes de belles choses*. Delphine Roux est sans conteste une auteure, à lire tout de suite et à suivre avec attention.
Kokoro – Delphine roux -Editions Philippe Picquier
* Pour les amateurs, Peter Greenaway s’est inspiré de ces Notes de chevet de Sei Shonogon pour son film magnifique The Pillow Book
Kokoro fait partie de l’évènement lancé par l’Insatiable Charlotte : les 68 Premières fois. Un bonheur pour ceux qui y participent et que notre atelier d’écriture en ligne (ecriturefactory.com) remercie
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