Et si on recommençait… La vie, l’amour, la mort. Attention, il ne s’agit pas d’une proposition du genre, naître dans une autre famille, sur une autre planète, en ouistiti ou en plante grasse… Non, l’idée est tout simplement, si on repartait à zéro, ou plutôt au jour J, celui où l’on sort du ventre de sa mère. A partir de là, changement de scénario, et tout est envisageable. Ainsi commence le dernier livre de Kate Atkinson, Une vie après l’autre (Grasset).
Par une froide journée de février 1910 Ursula voit le jour. Vivra, vivra pas, vivra quoi… l’auteur multiplie les possibilités. Chaque infime changement dessinera un destin différent. Au-delà du fait que Kate Atkinson signe un roman composée de cinq, six, dix nouvelles aussi captivantes les unes que les autres. La construction qu’elle met en place, tout en finesse, éclaire beaucoup sur le travail d’un écrivain et son pouvoir inaliénable, le droit de vie et de mort sur ses protagonistes. Du grain à moudre pour un atelier d’écriture ! Le procédé aurait pu être lourd, ennuyeux. Il n’en est rien, la dame maîtrise. Il y a d’abord ce ton, qui distille une ironie légère même dans les moments dramatiques ; et puis le récit complexe des destins d’Ursula, sur fond de grande Histoire, avec des constantes et des changements radicaux. Embarqué dans les replis du temps, le lecteur voyage de l’Angleterre d’avant la guerre de 14-18 à la fin des sixties, avec entre les deux l’Allemagne, Hitler (et si Ursula lui réglait son compte…) et le Blitz londonien formidablement raconté. Le livre fait 500 pages. Une fois terminé on a envie que ça recommence.