On peut lire ou relire les Mille et une Nuits… Et aussi, pour découvrir une vision de l’œuvre, s’offrir une soirée à Chaillot où Angelin Preljocaj en livre sa version. Pour les célèbres contes, le chorégraphe dit s’être méfié des clichés en créant le ballet. L’important était de montrer une Shéhérazade glamour et punk (selon son expression) incarnée par chaque danseuse avec, pour donner la réplique, des hommes de toutes sortes, violents ou fragiles, machos fougueux, sensibles, ou amoureux d’autres hommes. Ses « Nuits », sont sensuelles, sexuelles et le travail de toute la troupe est magnifique. « Je suis obstiné, maniaque, méticuleux : je peux passer une demi-heure sur une séquence de quelques secondes, par exemple sur un duo avec des portés, des enlacements ou des imbrications de corps. » répond Angelin Preljocaj quand on lui demande comment il dirige ses danseurs. On pense alors au travail de l’écrivain, triturant les phrases, revenant sur chaque mot, reprenant les verbes, semant parfois le désordre pour finalement trouver SON ordre, comme s’il était en permanence dans un atelier d’écriture. A la différence près, que Preljocaj est sur le corps, à la fois fragile et puissant. Mais l’un et l’autre parviennent à toucher l’âme. Pour Les Nuits, le chorégraphe a confié la musique à Natacha Atlas, qui n’a pas hésité à mêler pop et mélopées orientales, et les costumes à Azzedine Alaïa. Du beau monde ! Jusqu’au 19 janvier- Théâtre National de Chaillot –