Les acteurs sont des « passeurs » … d’émotion, de réflexion, d’interrogation. C’est énorme quand on y pense ! Certains sont même des « passeurs penseurs », avec une vision au-delà de leur métier. Un engagement intellectuel, artistique. André Wilms, immensément discret ou secrètement immense est de ceux là. « André Wilms ? Non je ne vois pas…Mais il a joué dans quel film ? ».
Wilms n’est pas un people, c’est clair. Wilms est un comédien, surtout de théâtre, mais pas seulement. Rappelez-vous le Havre de Kaurismaki ou allez voir Un château en Italie de Valéria Bruni Tedeschi. Sur l’écran, il est toujours juste, sur scène c’est un prince, qu’il incarne un personnage ou dirige une pièce. Dont acte avec Casimir et Caroline et Autres textes d’Ödön von Horvath à la Cartoucherie de Vincennes, que vous avez peut-être encore une chance de voir ce soir.
Proposée dans le cadre du Festival d’Automne avec l’Adami, cette carte blanche donnée à un maître de théâtre pour partager son savoir avec de jeunes comédiens est une riche idée. Cette année ils sont dix, dix garçons et filles bourrés de talent, à avoir été dirigés par Wilms. Le résultat est époustouflant. Tous dégagent une énergie et un plaisir de jouer qui envahit les gradins dès les premières minutes. Mise en scène rapide, burlesque, presque baroque…Wilms fait tourner la tête comme à une fête de la bière et on comprend qu’il trouve la nouvelle génération passionnante. Lors d’un entretien avec Eve Beauvallet, il expliquait « Je vais leur enseigner à être contre. A être méchant. Ou à être en colère. S’ils ne sont pas en colère, ce n’est pas la peine de faire ce métier. Sigrid Bouaziz, Margot Bancilhon, Natalie Beder, Pierre Cachia, Esteban Carvajal Alegria, Vincent Heneine, David Houri, julia Piaton, Yann Sorton, et Sarah Stern…ont compris le message.