Véronique Ovaldé, orfèvre de l’écriture

Publié le: Sep 23 2013 by Anita Coppet

images-2Véronique Ovaldé n’écrit pas un livre par an, ne passe pas souvent à la télévision et ne fait jamais la une des magazines. Pourtant Véronique Ovaldé est un grand écrivain. Ses livres sont des bijoux finement ciselés, des pierres précieuses bouleversantes de beauté. Ils parlent toujours d’amour, sous toutes ses formes et ses personnages rentrent dans nos têtes on ne sait pas comment. Dans Des Vies d’oiseaux, Vida, l’un des personnages principaux, pense à sa fille, la revoit enfant et se souvient de son émerveillement  de mère. Ovaldé nous livre ses pensées en une longue phrase, émouvante, poétique et intitule ce chapitre, Mon cœur en sautoir :

« Se souvenir toujours de son petit corps, de sa grâce, de la texture de sa peau, de son haleine, de son odeur, de sa voix emmêlées l’une dans l’autre, la moiteur de son cou, la finesse de ses bras, le délié parfait de chacun de ses muscles minuscules et sublimes, comment graver ses gestes dans le souvenir, comme être sûre de ne jamais rien oublier de tout cela , de pouvoir s’en servir et le réactiver quand elle serait seule et vieille, puiser dans son trésor de souvenirs et d’images, la peau bronzée de Paloma, son grain un peu sec et salé, la connaissance que Vida en avait, qui semblait être quelque chose de tangible et d’éternel, mais cette connaissance même n’existait que le temps que la chose connue existât, ses cheveux désordonnés et longs qui lui donnaient l’allure d’une sauvageonne, sa blondeur iodée d’enfant, la pulpe de ses lèvres et l’immensité de ses yeux (qui paraissaient à une autre échelle que les autres éléments de son visage), l’arc de ses sourcils noirs et fatals (des sourcils de femme). Vida voulait prendre la totalité de ces fragments parfaits et en faire un trésor réellement inaltérable. » bel exercice littéraire, qui prend toute son importance dans un atelier d’écriture.

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