Pourquoi ne sait-on jamais les goûts littéraires d’un créateur de mode. Pour en avoir rencontré un bon nombre, sachez qu’ils sont fortement amateurs de livres, c’est même une de leurs sources d’inspiration, mais à priori la mode et la littérature ne sont pas du même monde. La preuve qu’on ne mélange pas les caleçons avec les serviettes, pendant très longtemps dans la presse féminine il y eut deux rédactrices en chef. L’une était chargée de la partie magazine, où au milieu des sujets de société quelques pages étaient accordées aux livres. Tandis que l’autre, tenait sous sa coupe le service mode et beauté. Bien entendu c’était une guerre des gangs et tout le monde rêvait de changer de camp. Les intellos pour une place de premier rang aux défilés et les fashions pour un entretien avec Paul Auster. Aujourd’hui, rares sont les journaux qui fonctionnent encore ainsi. Tout le monde fait tout, c’est comme ça. On y perd en expertise. On y gagne, parfois, en s’écartant du sujet. Exemple de tours et détours, une rencontre avec Armand Ventilo. A priori, avec cet homme-là on parle mode car depuis vingt cinq ans il connaît le sujet. L’ADN de sa marque ? La culture Navajo, les années 50 et 60 et les imprimés très particuliers qui s’y rapportent. Alors et les livres dans tout ça ? Et bien son bureau en déborde…Des livres de photos qui s’empilent, tout comme les magazines collectors dans lesquels on se plonge avec délice ; Vogue ou Harpers Bazar des sixties, quelle merveille ! Et si pour dériver, vous lui demandez ce qu’il lit en ce moment et non pas ce qu’il regarde, attachez vos ceintures. Nous voici face à un énorme lecteur, autant dire un dévoreur. Totalement ouvert à tout, il n’a pas de genres préférés ou d’auteurs cultes. Il est seulement rempli d’histoires, qu’il évoque avec un plaisir réjouissant.
Un titre ? Badaboum il en a trois « mais vraiment formidables ». « Ah bon ? » et pour convaincre, il raconte mais sans trop dévoiler. Juste assez pour donner envie de courir à la librairie la plus proche. Exemple : Le Petit Joueur d’échec de Yoko Ogawa. « Un enfant nait avec les lèvres scellées et une hypersensibilité au mouvement de l’air. Il apprend à jouer aux échecs avec un homme obèse qui vit dans une roulotte et n’a que deux occupations : manger et jouer aux échecs. Évidemment l’enfant devient un grand joueur, mais il joue caché sous une table, sans voir le jeu, en écoutant les pièces se déplacer …. » Diantre, ça déménage ! Les deux autres livres qu’il vient de dévorer : Le Problème Spinoza de Irvin Yalom et Le Vieil homme qui ne voulait pas fêter son anniversaire de Jonas Jonasson. Ceux-là, je les ai lus et je préconise également.