Dans l’excellente revue Books du mois de mai, Joyce est encore à l’honneur quoique sous un jour peu flatteur. Titré « Saint Joyce, pornographe et martyr » le papier de Fintan O’Toole (paru dans The New York Review of Books) évoque le « pauv’ grand auteur, à qui on a toujours fait des misères » avec humour, écorchant au passage le mythe de l’Irlandais le plus célèbre de la littérature. Blasphémateur, obsédé de pensées réprouvées et de désirs inavouables, Joyce est selon lui réellement salace et scandaleux. C e qui n’exclut pas le génie. Et pour en finir avec les idées reçues, O’Toole rappelle que tout au long de sa vie, l’auteur d’Ulysse fut soutenu financièrement. Que ce soit par Sylvia Beach et Adrienne Monnier, par Edith Rockefeller Mc Cormick ou encore par son frère Stanislaus. Plus vénéré que lu, Joyce n’a pas fini de faire couler beaucoup d’encre et les biographies à son sujet ne manquent pas.Il est question ici de celle de Gordon Bowker que O’Toole juge plus massive que belle, mais où il trouve aussi des images intéressantes comme celle-ci : « …Nora disant qu’elle a du mal à dormir. Interrogée sur les raisons du phénomène, elle explique : « Je vais me coucher, et cet homme s’installe dans la pièce d’à côté, en riant sur ce qu’il a écrit. Alors je frappe à sa porte et je lui dis : Maintenant, Jim, ou tu t’arrêtes d’écrire, ou tu t’arrêtes de rire. » Joyce, on l’oublie trop souvent trouvait la vie comique.